Je ne suis pas un athlète
S'il y a une chose à laquelle je n'aurais jamais cru, c'est bien de me faire connaître pour mes exploits sportifs.
En fait, j'ai même quelques confessions à vous faire :
- Au primaire, je préférais apprendre les capitales du monde plutôt que de courir après un ballon.
- Au secondaire, je n'étais pas loin d'être le dernier choisi dans les équipes de sport.
Forcément, j'étais plus fan de physique que d'éducation physique...
Un peu de repos après une montée difficile au Kirghizistan.
Le vélo
Photo prise l'automne dernier à Oka. Il m'arrive encore de foncer dans des arbres par nostalgie...!
Alors que j'étais jeune adolescent, mon père a commencé à amener la famille en petits voyages de vélo ici et là au Québec. C'était l'époque des débuts des pistes cyclables : le P'tit train du nord, la véloroute des bleuets au Lac St-Jean. On en faisait un par année. Je n'étais pas incroyable, et avec un sportif frère de quatre ans et demi mon cadet, notre niveau était (tristement) presque équivalent.
À quinze ans, je me suis mis au vélo de montagne, qui est rapidement devenu mon sport préféré. J'ai commencé à en faire 3, 4 fois par semaine.
Ma progression technique a été plus que lente, fonçant dans des arbres et passant par-dessus mes poignées à presque chaque sortie pendant deux ans.
Aimant l'adrénaline du sport, j'ai cependant persévéré et ai appris à mieux contrôler mon vélo et mon équilibre. Ces aptitudes ont ensuite continué à se perfectionner durant mes années de vélo urbain à Montréal.
Quel athlète !
Et me voilà aujourd'hui, à pédaler la planète au complet, un kilomètre à la fois.
Sachant maintenant ces secrets, vous comprendrez donc mon étonnement constant face aux commentaires élogieux sur mes aptitudes physiques !
Car vous savez, pas besoin d'être un athlète pour partir à l'aventure.
Une des questions les plus reçues avant mon départ, et même depuis, portait sur mon entraînement physique. Ce que j'avais fait pour me mettre en forme afin d'arriver à faire d'aussi grandes distances à vélo.
La réponse, c'est... presque rien.
Et en fait, comme je me suis fait opérer au genou dans l'année précédant mon départ, la majorité de mon entraînement a plutôt été consacrée à réapprendre à pédaler ! J'aurais facilement pu remettre à plus tard mon départ, à un moment où « je serais plus prêt. » J'y ai pensé.
Mais est-on jamais prêt à se lancer dans le vide ?
Depuis le départ, je roule environ 1 400 km par mois. En pédalant à presque tous les jours, ça donne une moyenne quotidienne d'à peu près 60 km. Mais forcément, en roulant jour après jour, l'entraînement se fait de lui-même. Et vous seriez surpris par la lenteur avec laquelle je fais ces kilomètres !
Ainsi, en roulant en sueur et en forçant autant des jambes que du mental, j'aurais parfois le goût de modifier vos exclamations de « Quel athlète ! » par « Quel athlète ? »...!
Utiliser ses atouts
Un de mes bons amis a traversé à la course le sentier des Appalaches au complet à l'été 2015. Moyenne de 70 km à courir à chaque jour pendant 57 jours, sans arrêt. L'équivalent de 11 fois le mont Everest...
Après son retour, il m'invite à courir avec lui :
- On devrait aller courir ensemble, ça te replacerait le genou !
- J'ai de quoi cette journée-là.
- Je ne t'ai même pas proposé de date !
- Pas mal certain que j'ai de quoi tout le temps...
Connaissant mes limites, je ne suis donc pas parti dans mon tour du monde avec en tête d'aller le plus rapidement possible. Mais plutôt d'utiliser ma vitesse pour aller à la rencontre des gens, leur parler, les prendre en photo.
Choisir son aventure
Choisir son aventure signifie choisir le défi qui nous ressemble. Qui nous permettra de se réaliser et de simplement faire ce qu'on a envie de faire dans cette vie. Et pas besoin pour ça de partir au bout du monde.
Bien sûr, pour moi en ce moment, ça veut dire avoir choisi le vélo comme moyen de transport, et me sentir comme un explorateur dans des pays compliqués à prononcer. Ça veut aussi dire faire un voyage intérieur et solitaire dont j'avais besoin.
Pour mon chum Pat, ça voulait dire courir comme un fou à travers les montagnes américaines. Mais aussi d'en revenir grandi à la maison, et de démarrer avec succès sa clinique de physiothérapie dans notre village natal.
Et pour vous, c'est ce que vous déciderez d'oser. Athlète ou pas.