Le Myanmar et la suite

Depuis le départ, j'ai été très chanceux avec mes visas. Jusqu'à ce que je souhaite entrer en Chine. Voici la seconde partie de mon tour du monde à vélo.

Les frontières fermées sur ma route.

Les frontières fermées sur ma route.

Un visa est une bien drôle de créature. Même en tant que simple touriste, certains pays nous demandent d'en obtenir un avant d'arriver. Sans ce bout de papier, l'entrée est refusée. Le visa détermine quand et pour combien de temps on peut demeurer sur le territoire.

Parfois c'est facile, ça se fait de façon électronique et rapide. D'autres fois, ça peut nécessiter plusieurs visites à l'ambassade et à différentes banques (je pense à toi, Ouzbékistan).

Mais ce qui m'étonne surtout, c'est que ces règles changent non seulement selon le pays hôte et le pays visiteur, mais aussi entre les ambassades ou les consulats d'où on peut faire demande.

Dans tous les cas, les règles ont changé quelques mois avant mon arrivée au Kirghizistan, et il est maintenant impossible d'obtenir un visa chinois de virtuellement toutes les villes d'Asie centrale. Je suis bloqué.

Les options

Comme je ne vais quand même pas fonder une famille et passer le reste de ma vie à Bichkek (et que je ne peux demeurer de toute façon au pays que pour 60 jours), je dois figurer une nouvelle suite pour mon itinéraire.

Nous sommes alors à la fin octobre et l'hiver approche déjà rapidement au nord du Kirghizistan. Je prends quelques jours pour découvrir et analyser mes différentes options :

  1. Envoyer mon passeport à une agence spécialisée au Canada. Les payer pour qu'ils fassent la demande de visa chinois en mon nom, et attendre environ un mois que mon passeport revienne. Ceci pour me donner le privilège de pédaler pendant des mois dans un autre désert, durant l'hiver.

  2. Appliquer pour un second visa kazakh, et prendre le train jusqu'à la très distante capitale Astana. On dit en ligne qu'il est peut-être possible d'y obtenir le visa chinois et que l'attente est de deux semaines. Sais-tu ce qu'il y a à faire pour deux semaines en hiver à Astana ? Exactement ce qui t'est venu en tête : pas grand-chose !

  3. Par le même principe, me rendre au Kazakhstan, pour ensuite tenter de passer par la Russie puis la Mongolie et de là obtenir le visa pour la Chine. Puis pédaler du nord au sud en Chine. Ceci dit, je ne suis pas encore assez crinqué pour visiter les steppes mongoles à vélo en décembre !

  4. Revenir sur mes pas au sud. Ce qui signifierait reprendre les montagnes au Kirghizistan, puis au Tadjikistan, et ensuite passer en Afghanistan puis au Pakistan... Les steppes mongoles me paraissent soudainement moins pires...!

  5. Prendre l'avion vers une destination où je peux obtenir le visa chinois. Deux copains cyclistes britanniques ont volé récemment d'Och, au sud du Kirghizistan, vers Hong Kong dans ce but. Je n'aimais cependant pas beaucoup l'idée d'aller loin dans l'est pour ensuite revenir sur mes pas en pédalant vers l'ouest.

  6. Voler à New Delhi, la capitale de l'Inde, puis pédaler les 3 000 km jusqu'à la frontière avec le Myanmar (Birmanie) à l'est. Ceci semblait intéressant jusqu'à ce que les pays reprennent les tensions entre eux, fassent sauter quelques bombes à la frontière, et que cette dernière se referme aux étrangers...

  7. Voler directement au Myanmar, puis visiter toute l'Asie du Sud-Est à partir de là.

La partie B de mon périple autour du monde. 7 500 km en Asie du sud-est, entre le Myanmar et Singapour.

La partie B de mon périple autour du monde. 7 500 km en Asie du sud-est, entre le Myanmar et Singapour.

Je suis peiné de ne pouvoir poursuivre en vélo, mais sans surprise, c'est la dernière option qui est retenue.

La seule façon d'accéder au Myanmar est à partir d'un aéroport international ou via la Thaïlande. J'utiliserai donc cette règle à mon avantage en arrivant au nord du pays par avion. Je descendrai ensuite au sud en vélo pour sortir par la Thaïlande, et avoir ensuite accès au reste des pays voisins.

Ce plan me permettra de visiter beaucoup plus que prévu cette région du monde. Ceci en tête, le reste de l'itinéraire n'était donc qu'une formalité.

Ou presque.

En effet, pour éviter les mauvaises surprises, je m'informe d'avance sur les points d'entrée au pays. Certains postes frontaliers sont fermés aux étrangers, surtout via les routes secondaires que je favorise. Je lis aussi sur le climat local, particulièrement pour ces régions où la pluie peut être assez violente pour emporter des routes. Je me suis finalement informé sur les visas pour ces prochains pays, en me croisant les doigts que les règles ne changent pas trop avant que j'y arrive !

Au final, c'est donc 7 500 km que je compte parcourir en Asie du Sud-Est, à travers le Myanmar, la Thaïlande, le Laos, le Vietnam, le Cambodge, la Malaisie et Singapour. Tout ceci devrait normalement m'amener jusqu'à la fin avril 2017. Regarde ton globe terrestre, ça m'a aussi surpris à quel point c'est plus grand qu'on pense cette région-là !

L'avion

Deuxième vol sur trois - Astana, Kazakhstan, à Bangkok, Thaïlande

Deuxième vol sur trois - Astana, Kazakhstan, à Bangkok, Thaïlande

L'itinéraire en tête, je trouve un billet d'avion qui m'amènera en trois vols à Mandalay au Myanmar. Vélo en boîte, je prends un taxi pour l'aéroport.

Je réalise que ça fait depuis le mois de juin que je ne me suis pas assis dans une automobile. Ça roule vite !

Premier arrêt sans histoire à Almaty au Kazakhstan. Dans mon deuxième vol, qui m'amène à Bangkok, on me sert un repas qui est meilleur que 90% de ce que j'ai mangé dans les derniers mois en Asie centrale. Autant j'ai adoré les paysages fabuleux des Stans, autant je ne m'ennuierai pas de leur nourriture constituée en majeure partie de morceaux de gras !

D'après moi, un autre passager s'est trop excité pour le repas. Pour la première fois de ma vie, j'entends demander aux haut-parleur s'il y a un médecin (ou un professionnel de la santé, spécifie-t-on) dans l'avion ! Huit dames se portent aussitôt volontaires et se suivent entre les sièges et les chariots pour aller analyser notre malade. Tout est bien qui finit bien, l'homme reprenant ses esprits et son repas avant qu'on touche terre.

Je m'envole une troisième et dernière fois entre Bangkok et Mandalay, où je débarque finalement au Myanmar. En passant la porte de l'avion, je frappe un mur invisible fait d'une chaleur étouffante et humide. Bienvenue dans la seconde partie du voyage, l'Asie du Sud-Est.

Je ne penserais pas avoir besoin de mes vêtements d'hiver pour un bon bout !

Jonathan B. Roy

Auteur, journaliste, vidéaste et conférencier, Jonathan B. Roy raconte des histoires depuis 2016.

http://jonathanbroy.com
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