La cacophonie chinoise
Je n’avais pas réussi à obtenir un visa chinois de l’Asie centrale il y a deux ans. Je me demande maintenant si j’ai bien fait de m’en procurer un au Canada…
Mes quartiers sur le premier traversier.
Je débarque à Fuzhou en Chine, après avoir traversé de Taïwan successivement sur deux traversiers. J’ai passé la nuit à dormir comme un bébé sur mon matelas pourtant dur mais dans le silence le plus total. Tous mes voisins de paillasse taïwanais semblaient aussi fatigués que moi.
L’entrée au pays est plus facile que ce à quoi je m’attendais. Je roule en vélo jusqu’aux douanes du port, dans un bâtiment aux allures d’aéroport. Je passe tous mes sacs dans une machines à rayons X. Puis les douaniers semblent suspecter un problème. Ils me demandent mon sac où je garde mon drone… mais aussi ma nourriture. Ce sont mes pommes le problème ! Je signe un papier indiquant le poids de ce que je me suis fait saisir, et me voilà libre.
1000 km à parcourir jusqu’à Shanghai dans l’immense Chine.
Fuzhou
Du port, je me dirige donc vers la ville de Fuzhou, petite ville chinoise de presque 10 millions de population. Avec plus de 1,4 milliard d’habitants au pays, les proportions ici n’ont aucun sens.
Des camions, des autos et des scooters sont partout autour de moi, et il règne une cacophonie extrême. Ça ne fait pas une heure que je suis arrivé que je me demande déjà comment je vais faire… Le choc est brutal après la politesse et la retenue de Taïwan. Les gens crient, les camions cognent leurs remorques en métal. Les moteurs rugissent. Et surtout, les klaxons me percent les oreilles. À répétition. Tout le monde klaxonne sans arrêt pour aucune raison…
Deux policiers sont à une intersection. J'arrête pour ne pas passer devant eux sur le feu rouge. Je me fais alors dépasser et klaxonner par quelques dizaines de motos qui n’ont rien à cirer de la règlementation. Sous le regard du policier, j’attends quand même mon tour jusqu’à ce que le feu change au vert. J’avance alors… et me fais presque frapper ! C’est à se demander si les lumières ne veulent pas ici dire le contraire !
La construction aussi est incroyable. Sur à peine quelques kilomètres, je passe au moins 4 nouveaux ponts en construction. L’équivalent de 4 énormes ponts Champlain qui se feraient construire en même temps. Le pays est clairement en mode développement rapide !
Un des nombreux ponts en constructions dans la seule ville de Fuzhou.
La « campagne »
Je n'ai aucune idée de la géographie ni de ce qu'il y a à voir au pays. Le territoire est tellement vaste et les informations assez difficiles à obtenir pour les endroits plus reculés. Je pense que c'est la fois où je connais le moins de choses sur le pays dans lequel j'entre. Ce qui n’est pas peu dire, la Chine est mon pays numéro 30 !
Je prends la décision de passer par ce qui m’apparaît comme des montagnes au lieu de suivre la côte est, probablement plus occupée. Je commence donc à longer la rivière vers le nord pour quelques jours.
Barrage hydroélectrique sur la rivière Minjiang, au nord de Fuzhou.
Les gens utilisent d’ailleurs cette rivière avec ingéniosité, comme champ pour faire pousser des plantes aquatiques. Beaucoup habitent même directement sur l’eau.
Les rivières au complet sont utilisées pour faire pousser des plantes.
Un jour, j’entre à une épicerie de village. Une conversation assourdissante mais étouffée semble me suivre partout dans les allées. Et évidemment, je ne comprends pas ce qu’elle me dit…
Je réalise éventuellement que les fruits et légumes cachent des haut-parleurs qui crachent leurs spéciaux ! Même les légumes sont bruyants ici.
Je suis debout au centre de l’épicerie, avec un sac de biscuits inconnus entre les mains. Et je suis désemparé.
Pour essayer de retrouver un peu de silence, je décide de m’enfoncer encore davantage dans les montagnes.
Pour le meilleur ou pour le pire…