Pot-pourri de trois semaines ouzbèques

Après plus de trois semaines à rouler en Ouzbékistan, voici quelques-unes de mes belles rencontres et réflexions sur le pays.

Les étoiles

Un peu comme pour le Kazakhstan, j'associerai à jamais Ouzbékistan comme le paradis des étoiles.

L'absence de villes importantes venant polluer la lumière y est pour beaucoup. Les énormes espaces entre ces villes aussi. J'aurais presque pu prendre des photos comme celle-ci à chaque nuit.

Les étoiles sont innombrables, brillantes, éclatantes. La voie lactée, longue et enveloppante, est visible à l’œil nu.

Cette ruine en pierres se trouvait dans un champ en bordure de la route. Je m'y suis arrêté ayant en tête cette photo. Et j'y ai installé ma tente à l'intérieur, attendant le bon moment pour poser avec les galaxies.

Ma tente, installée à l'intérieur d'une ruine en pierres près du village de Guzar.

Ma tente, installée à l'intérieur d'une ruine en pierres près du village de Guzar.

Le désert et les troupeaux

Le désert est omniprésent dans cette région d'Asie centrale. Et à ma grande surprise, les troupeaux d'animaux aussi. Partout je pouvais voir des bergers accompagnés de leurs chevaux, moutons, vaches et ânes. Et tout ce bétail broute je ne sais quoi ! Je ne pouvais m'empêcher d'être triste pour ces animaux qui ne connaîtront jamais d'autre vie que de manger des petites brindilles d'herbe éparses dans du sable.

Un des nombreux bergers photogéniques et amicaux de l'Ouzbékistan.

Un des nombreux bergers photogéniques et amicaux de l'Ouzbékistan.

Les curieux

À mon lever, je constate que des nouveaux amis analysent mon équipement.

À mon lever, je constate que des nouveaux amis analysent mon équipement.

Les gens partout sont curieux de nature lorsqu'ils voient passer un cycliste. Les Ouzbeks me le sont apparus encore plus. Littéralement à chaque fois que je m'arrêtais durant la journée, j'avais un groupe d'enfants autour de moi.

Presque chaque matin, j'avais aussi des jeunes qui, plus ou moins proche de ma tente, attendaient que je me lève pour voir qui se cachait dans cette maison de toile.

Les jeunes sont les plus curieux, mais ils sont aussi souvent ceux envoyés en reconnaissance. Il n'était pas rare que peu après, plusieurs adultes venaient aussi me parler.

Comme ce matin où deux ados, à moins de deux mètres de ma tente, analysaient mon vélo. J'ai par la suite eu droit à la visite de deux bergers, dont un à cheval et un autre qui me serra pratiquement dans ses bras. Évidemment, tout ça entouré d'un troupeau de vaches et de moutons broutant du sable.

J'irais même jusqu'à dire que ces animaux sont aussi curieux que leurs maîtres.

Une nuit, je me réveille en sentant le sol trembler. Je regarde dehors et il y a un troupeau de vaches entourant ma tente à quelques mètres. Elles semblent être venues explorer qui est leur nouveau voisin. Je me recouche. J'en entends une péter. C'est ma vie ces jours-ci.

Les vélos

Une de mes très grandes surprises a été l'omniprésence des vélos dans le pays. En fait, considérant la qualité des montures, on les qualifierait plutôt de bécyks que de vélos. Ils ont tous une seule vitesse, sont rouillés, bruyants et sans frein. Mais bon, c'est quand même plus vite que de marcher !

Dans tous les cas, jeunes et moins jeunes s'en servent comme moyen de transport. Et fidèles à leur curiosité, ils roulent à mes côtés... pour des kilomètres et des kilomètres !

ATKUDA ?!?

Les gens veulent savoir d'où je viens. C'est ce qu'ils me demandent tous comme première question. En criant le plus fort possible.

ATKUDA ?! signifie « d’où viens-tu » en russe. La majorité des gens de plus de trente ans dans tous les anciens pays de l'Union soviétique parlent assez bien cette langue. Et je me fais le plus souvent aborder en russe plutôt que dans les langues locales puisqu'un étranger a beaucoup plus de chance de parler russe qu'ouzbek ou kazakh. 

Pour compliquer les choses, « où vas-tu » se prononce KUDA, presque la même chose.

Reste qu'à longueur de journée, piétons, automobilistes et autres cyclistes me crient ATKUDA?! C'est rendu que je rêve à ce mot !

J'ai aussi été surpris de constater les connaissances géographiques des Ouzbeks. Presque à chaque fois que je répondais Canada à cette question, les gens pensaient un peu et me proposaient la capitale : Canada... ATAWA?! Quand même impressionnant, connais-tu la capitale de l'Ouzbékistan toi ?!*

Mais le palmarès de la meilleure image est selon moi remporté par les deux gars qui m'ont dépassé sur une toute petite moto. Le premier conduisait alors que le deuxième, assis derrière, tenait dans ses bras une chèvre qui avait tellement l'air de se demander ce qui se passait. Sans même ralentir pour ma réponse, je jure que les deux hommes et la chèvre m'ont crié AKTUDA ! d'une seule voix.

Le mariage

Mon « épouse » Maripier et moi.

Mon « épouse » Maripier et moi.

Plusieurs fois par jour, je continue de me faire demander si je suis marié, et pourquoi non.

Je n'ai évidemment pas de bonne réponse à cette question. J'essaie de dire que ce n'est pas anormal au Canada mais ils n'ont pas l'air de me croire.

Décidant de rire un peu, j'avoue avoir parfois menti un peu (beaucoup). Ayant une photo dans mon téléphone de moi avec Maripier Morin, prise lors de l’enregistrement du pilote de l’émission Faites comme chez vous, j’avoue avoir dit à quelques reprises que c’était mon épouse.

- Es-tu marié?
- Oui, voici ma femme.
- Oh nice!
- Oui, mais elle n'aime pas trop le vélo, donc attends la pas trop longtemps.

Les dents en or

Beaucoup, beaucoup d’Ouzbeks ont des dents en or. Parfois même la dentition au complet. J’ai par contre eu l’impression qu’ils n’en sont pas très fiers, puisqu'ils les cachaient systématiquement lorsque je tentais de les prendre en photo. Du début à la fin du pays, j’ai tenté de photographier un grand sourire doré, mais sans succès.

Voici quand même certains de mes essais avec le bon monde rencontré.

La femme à gauche avait une dentition complète de dents en or.

La femme à gauche avait une dentition complète de dents en or.

La salubrité avant tout, semble dire ce boucher qui a son étal directement au soleil !

La salubrité avant tout, semble dire ce boucher qui a son étal directement au soleil !

Le pain

Le pain et d'autres repas sont cuits à l'intérieur de grands fours en argile.

Le pain et d'autres repas sont cuits à l'intérieur de grands fours en argile.

Les pains de cette région du monde sont cuits à l'intérieur de grands fours en forme de cône tronqué.

Un feu est fait à l'intérieur et les parois d'argile deviennent très chaude. La pâte est ensuite collée directement sur la paroi, à l'intérieur du four. Puis, une longue spatule est utilisée pour les décoller lorsqu'ils sont prêts.

Les somsas, succulente pâtisserie locale, sont aussi cuits de cette façon.

 

L'homme le plus cool d'Ouzbékistan

Le fameux cobra du magicien !

Le fameux cobra du magicien !

Assis dehors à une fontaine, je fais la rencontre de Nurulo, magicien ambulant et homme le plus souriant d'Asie centrale.

D'une autre table, il commence à me parler et, me pointant son auto, il me dit cobra. Je pense que c'est le nom qu'il donne à son vieux bolide. C'est alors qu'il sort un serpent de sa boîte et qu'il commence à jouer avec lui... Il a un vrai cobra !

Il me fait ensuite quelques tours de magie durant notre repas. C'est pour moi ce qui fait la beauté des voyages, ne jamais savoir ce qui va se passer, même dans les cinq prochaines minutes.

Et alors?

Bien sûr, traverser le désert d'Ouzbékistan en plein mois d'août a été difficile. Et pour tout dire, j'avais hâte de sortir du pays. Mais le pays n'a pas fait exception au fait qu'il y a des bonnes personnes accueillantes et généreuses partout. J'y ai été très bien accueilli et suis content d'y être passé. Maintenant, reste à en sortir, et direction les montagnes du Tadjikistan !


* La capitale de l'Ouzbékistan est Tachkent. Je n'y suis pas passé.

Jonathan B. Roy

Auteur, journaliste, vidéaste et conférencier, Jonathan B. Roy raconte des histoires depuis 2016.

http://jonathanbroy.com
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