À propos de la propreté
Avant de terminer la chronologie de la traversée turque, je vous invite à un petit aparté sur la chance que nous avons d'habiter un pays propre.
Je vous fais une confession. J'ai trouvé la traversée de la Turquie très difficile. J'aurai sans doute des défis encore plus grands à venir dans mon voyage, mais depuis le départ, c'était mon plus important.
Premièrement, le pays est effectivement assez grand. Ça m'a pris un mois pour couvrir, somme toute assez rapidement, 1700km d'ouest en est. Et comme vous le savez déjà, la majorité de cette traversée était dans une température supérieure à 30 degrés, dans la circulation des villes ou dans le désert, et avec le vent contre moi. Ceci durant le Ramadan, dans un pays où la langue m'est étrangère et où l'anglais est fort peu répandu.
Mais réellement, la majorité de ceci pourrait s'appliquer à beaucoup de pays.
Ce qui m'a le plus affecté, c'est l'absence de propreté. Et généralement l'absence de considération pour l'environnement, l'hygiène, le nettoyage.
La toilette
Une des plus belles toilettes de Turquie.
Premier exemple, la toilette. En Europe, j'utilisais couramment les salles de toilettes des stations services. Autant pour les toilettes comme telles que pour me laver un peu avec l'aide des lavabos. Honnêtement, ici, je préférais utiliser la nature.
La photo ci-contre est une des toilettes les plus propres que j'ai vues, sans blague. D'autres photos ne peuvent tout simplement pas être diffusées ! Le papier de toilette qu'on y voit est le mien. Après avoir constaté qu'il n'y en avait jamais nulle part, je me suis mis à en garder en réserve avec moi. Quant à ceux qui n'en traînent pas, je n'ai encore à ce jour aucune idée sur comment ils terminent leur job. Se servent-ils de l'omniprésente chaudière d'eau ? De la grosse brosse à récurer, qui visiblement ne sert pas à laver la cuvette ? Mystère.
À cet égard, l'idée même de la toilette turque à terre me confond. Je ne parierais pas ma chemise que l'eau à terre est simplement de l'eau.
Les bouteilles jaunes
Tout le long de la route, des bouteilles d'eau de différentes grosseurs sont remplies d'un liquide jaune de différentes opacités. Ça ne prend pas des centaines de kilomètres pour réaliser qu'il ne s'agit pas de jus de pomme. Selon Mads, mon cycliste norvégien qui a lui aussi réfléchi à la question, ça viendrait essentiellement des camionneurs qui ne veulent pas s'arrêter. Et pourtant, en plus d'avoir d'innombrables endroits où ils pourraient le faire, les accotements sont immenses sur presque toutes les routes.
Une fois, en bordure de la route, j'ai compté sept bouteilles pleines alignées les unes aux autres. Comme si on avait pris la peine de les placer là... Une autre fois, j'ai vu un camionneur en train de faire le ménage de son camion... en garrochant tous ses déchets dans le fossé avant de fièrement repartir.
C'est difficile de rester objectif et de comprendre la logique de tels gestes. C'est comme si le discours environnemental était demeuré cinquante ans derrière. Pour un employé municipal qui ramasse des déchets, il y a des centaines d’automobilistes qui en jettent par leurs fenêtres.
Les fontaines
Je me fais piquer ma fontaine.
Les fontaines publiques sont omniprésentes dans le paysage turc. Ça tombe bien puisque je les préférais de loin à l'expérience d'aller prendre de l'eau dans les lavabos des stations services. L'eau de ces fontaines y coulent en permanence, provenant généralement de sources souterraines.
L'apparence des fontaines n'est pas toujours des plus réjouissantes mais ma santé n'en a pas souffert. Y compris lorsque je me suis fait chasser de mon lieu de repos par un troupeau de vaches qui a décidé de venir boire au même endroit que moi !
J'imagine que c'est ça la définition de fontaine publique.
Notre chance
Enfin, la prochaine fois que vous laverez votre salle de bain, vous pourrez vous dire que, finalement, ce n'est pas si pire que ça. Et donnez donc un petit coup de brosse de plus pour moi !