Jonathan B. Roy

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Comment s'embarquer sur un cargo

Qui contacter, comment ça fonctionne, à quoi s'attendre... Toute l'information sur devenir passager à bord d'un porte-conteneurs!

J'avais déjà pris des navires de marchandises par le passé : au sud du Japon notamment, et sur la mer Caspienne vers le Kazakhstan. Mais ces bateaux embarquaient aussi des camions et servaient occasionnellement de traversiers.

Cette fois, on parle réellement d'un porte-conteneurs qui fait le tour du globe à répétition.

Plusieurs mois d'avance, je savais que j'allais me trouver au bout de la péninsule de Singapour, à la fin de la route terrestre. Je souhaitais trouver une façon de remontrer quelque part vers Taïwan, de l'autre côté de la mer de Chine méridionale, sans prendre l'avion.

J'ai donc écrit un peu au hasard à quelques armateurs. La réponse la plus positive m'est revenue de la compagnie française CMA CGM.*

Itinéraire et horaire

Premièrement, oubliez le travail à bord du bateau. Les emplois sont aujourd'hui spécialisés et trop risqués pour qu'une compagnie perde de l'argent et du temps à prendre un novice.

CGA CMG est donc une des rares compagnies à offrir quelques places pour passagers sur ses navires transocéaniques, mais est cependant loin d'être une agence de voyage. Mieux vaut savoir ce qu'on cherche avant de leur envoyer trop de courriels. La première étape est de leur demander leurs itinéraires. Ils ont des routes toutes faites vers à peu près tous les grands ports de mer de la planète. Je cherchais à me rendre de la Malaisie ou de Singapour vers Taïwan ou ses environs. J'ai trouvé une liaison qui faisait justement ce chemin, avant de poursuivre vers la Chine et la Corée, avant de traverser le Pacifique pour s'arrêter à quelques ports de l'Amérique du Sud, puis de revenir vers Singapour. 

La durée de chaque liaison est aussi indiquée dans la documentation qu'ils envoient. Je savais donc que mon bateau faisait le tour du monde en approximativement 76 jours, et que ma liaison spécifique en prendrait 7.  Mais avant de demander les dates spécifiques pour une route, je vous suggère d'ajouter aussi quelques alternatives, au cas où les dates ne conviendraient pas.

J'ai donc demandé pour 2 ou 3 itinéraires. L'un d'entre eux me convenait et j'ai donc planifié mon horaire en fonction de l'une de ces liaisons. Il est à noter que les dates demeurent toujours approximatives. Au début comme à la fin du trajet, il faut donc se prévoir 2 à 3 jours libres au cas où le navire serait plus ou moins rapide, surtout en fonction de la météo.

Les signatures

Une fois l'itinéraire et les dates choisies, il faut alors se mettre à signer plusieurs documents. Comme il n'y a pas de médecin à bord, on m'a demandé un certificat médical prouvant que j'étais en santé. Je devais aussi avoir des assurances voyage, ce qui est néanmoins toujours une bonne idée.

Aperçu de la cabine (et de ma grosse face).

J'ai aussi dû signer différentes décharges de responsabilités. Et obtenir un visa chinois, au cas où j'aurais eu à débarquer en Chine (le navire s'y arrêtant dans un port). Et enfin, il faut accepter les conditions spécifiques du navire (sur ce qu'on a le droit d'apporter ou pas, ce qu'on peut faire sur le bateau, etc.).

Les conditions de vie d'ailleurs, sont très bonnes. La nourriture est simple mais excellente et abondante. Dans mon cas, le cuisinier était Ukrainien et la bouffe était donc d'inspiration slave. Il y a aussi toujours du thé, du café et des biscuits à volonté.

Les passagers ont chacun leur propre chambre, avec salle de bain, coin salon, un pupitre, un grand lit et quelques fenêtres. C'était même franchement plus grand que ce à quoi je me serais attendu.

Le coût

Voici le talon d'Achille. C'est assez cher. Même davantage que beaucoup de croisières, et certainement beaucoup plus cher que de prendre l'avion. Mais le but est surtout d'avoir une expérience différente, hors de l'ordinaire.

Il m'en a donc coûté 120 euros par jour (environs 180 $ canadiens). Plus 45 euros de frais de gestion. Ce prix est cependant presque le même pour un couple. Il est donc assez avantageux de partager sa cabine. 

En sus, j'ai dû payer pour me rendre au port à Singapour. On n'entre pas dans un port de marchandises comme dans un moulin et mon transport a donc dû être organisé par la compagnie. Je n'ai cependant pas eu à payer pour partir du port de Kaohsiung une fois arrivé à Taïwan. Les douanes sont aussi traversées aux différents ports, auprès des agents locaux des différents pays. Il n'y a pas de frais supplémentaires pour cela.

J'avais de grande attentes pour cette expérience. Surtout considérant le coût assez élevé. Mais je n'aurais pu être plus satisfait. J'ai adoré cette expérience, comme je vous en parlais dans mon article précédent, et je recommencerais dès demain. Certes, mes jambes avaient un peu le roulis pour une journée ou deux après avoir regagné la terre ferme, mais ça n'a fait que faire durer le plaisir un peu plus longtemps !

*On peut joindre CMA CGM via leur page contact. Comme catégorie, il faut ensuite choisir « Nos produits et services », puis « Partir en cargo » en sous-catégorie. Je n'ai reçu aucun rabais ou commandite de leur part.


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