Jonathan B. Roy

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Je m'envoie en l'air au Laos

Je passe de la Thaïlande au Laos en traversant le Mekong par le pont de l'amitié. Ça augure bien pour ce magnifique pays dont je ne connais encore rien.

Première découverte, le pays est communiste. Partout à côté du drapeau national se trouve le drapeau rouge du marteau et de la faucille. Il ne reste aujourd'hui que 5 pays communistes dans le monde : Cuba, la Chine, le Vietnam, le Laos, et la Corée du Nord. Où j'en suis dans mon itinéraire, on peut pratiquement parler d'une tournée des pays communistes !

Très rapidement, j'arrive à Vientiane, la capitale. Avec seulement 800 000 personnes, la ville est à grandeur humaine. Et comme il existe un couvre-feu à minuit dans l'ensemble du pays, ce n'est pas non plus très bruyant.

J'aime d'entrée de jeu l'ambiance un peu française. Beaucoup d'affiches, officielles ou pas, sont en français, même si à peu près personne ne comprend encore cette langue quelque 65 ans après le départ des Français et la fin de l'Indochine. De ce passé colonial est resté une tradition de cafés français et de restaurants européens, en plus d'une grande influence sur l'architecture.

Le parc Patuxai de Vientiane.

Nous, on (dé)fabrique des bombes

Entre 1964 et 1973, durant la guerre du Vietnam, le Laos a reçu en moyenne un bombardement à toutes les huit minutes, afin de bloquer la route vers le sud aux communistes. J'apprends ceci à ma visite du centre COPE, un organisme ayant pour but de continuer à nettoyer le sol de ces bombes et à améliorer la vie des victimes.

J'y apprends aussi que des 80 millions de bombes jetées sur le Laos, entre 10% à 30% n'ont pas explosées et sont demeurées actives sur un tiers du pays. Au fil des années, celles-ci ont fait des dizaines de milliers de victimes. Tuant, amputant des membres, brûlant la peau et détruisant des vies. Durant ma route au Laos, je verrai d'ailleurs deux hommes ayant perdu un œil et ayant la moitié du visage brûlé.

Le plus triste est que 40% des victimes sont des enfants, à la recherche de métal à vendre ou même jouant avec les bombes trouvées en nature.

En voyant tous ces films et ces images de victimes, et les conséquences de ces bombes cachées un peu partout, je me fais une forte note mentale de ne pas m'aventurer trop loin du chemin pour planter ma tente en forêt...

Tim, un cycliste britannique rencontré plus loin dans les montagnes. On aperçoit un vieil obus à l'arrière servant de décoration à un restaurant.

Vang Vieng

Quelques jours après avoir quitté Vientiane, j'arrive à la petite ville de Vang Vieng.

Vang Vieng a le bonheur (ou le malheur) d'être située dans un environnement idyllique entre les montagnes, à proximité d'un beau cours d'eau. Un jour, quelqu'un a eu l'idée de proposer des tours de tubes sur la rivière, et d'y vendre de l'alcool. La ville est rapidement devenue un des endroits avec les fêtes les plus éclatées d'Asie.

La situation est un peu plus calme aujourd'hui, mais ça reste un endroit de party. Dans mon dortoir, un autre voyageur me demande conseil sur s'il devrait essayer de l'opium...

Mon gars, tu ne parles pas à la bonne personne !

En ce qui me concerne, c'est le tour de montgolfière que je ferai le lendemain qui m'intéresse ici. C'était ma première expérience et j'ai absolument adoré. La sensation est un peu comme celle de bouger en silence sur un voilier, mais à plusieurs centaines de mètres dans les airs.

Montgolfière à Vang Vieng.

Notre opérateur.

La vue absolument fantastique du Laos, vue de la nacelle.

De retour à l'auberge, les jeunes fêtards se réveillent à peine au moment où je termine de prendre mes bagages et de reprendre la route vers le nord.

Je ne saurai jamais ce que mon collègue de chambre aura décidé de faire avec son opium, mais en ce qui me concerne, le vent dans les cheveux est assez pour me faire planer.