Des souris et des hommes (et femmes)
Comment on prépare le rat pour le manger, comment on fabrique du tissu, et comment des Québécois me reconnaissent dans le milieu de nulle part. Tout ça dans ce seul chapitre!
Un bol de larves quelqu'un ?
Pas besoin de chercher bien loin au Laos pour constater que le rat est un mets populaire ici. Presque tous les marchés en vendent, et partout je vois des gens qui le préparent. Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion d'en goûter, mais on me dit que c'est bon. Il paraît même que ça goûte un peu comme du lapin.
Beaucoup les attrapent eux-mêmes à l'aide de pièges, puis les font rôtir pour en détacher la fourrure. On peut ensuite les faire geler pour plus tard, ou les faire sur le gril ou les bouillir.
En fait, ce plat est tellement populaire ici qu'on est dit que les habitants sont en mesure d'identifier cinq différentes espèces de rongeurs juste par le goût !
Un homme exhibant avec fierté la réussite de son piège.
On peut acheter des rats au marché.
On grille tout d'abord l'animal pour lui enlever le poil.
Comme le poulet, le rat peut aussi être bouilli.
D'autres passe-temps
Dans presque chaque village, je croise des jeunes qui joue au kataw, qu'on pourrait traduire par kick volley-ball. En gros, comme la traduction le dit, c'est du volley-ball, mais qui ne se joue qu'avec les pieds et la tête. Ça bouge vite, et il faut être flexible et en forme ! La balle pèse environ 200 grammes et est faites en rotin tressé, à partir d'un arbre qui ressemble au palmier.
Le volleyball local, seulement avec les pieds et la tête. La balle est un tressage de bois.
Quelques jours plus tard, je passe à travers un village où pratiquement tout le monde fabrique du tissus à partir d'innombrables fils. À l'aide d'une grande machine en bois et de plusieurs enchevêtrements, les fils sont brodés les uns dans les autres et le mouvement de va-et-vient continu forme petit à petit des étoffes qui serviront à fabriquer des vêtements. De la couture à sa plus simple expression ! C'en est hypnotisant à regarder pour quelques minutes. Je n'imagine même pas ce que c'est de le faire toute la journée, jour après jour...
Tissage manuel d'étoffe pour fabriquer les vêtements.
Je me fais reconnaître
Presque arrivé à la frontière du Vietnam, je sors d'un village lorsque je croise une famille de touristes. Le père jette un regard à mon vélo, puis relève son regard vers le mien et me lâche un bravo à consonance francophone. Je lui réponds merci et on reconnaît alors qu'on a le même accent. Après 9 mois sur la route, ce sont les premiers québécois que je rencontre.
Après deux ou trois phrases, la mère pense me reconnaître.
Es-tu le gars qui écrit dans La Presse ?!
Au fond des montagnes du Laos, je me fais donc reconnaître pour la première fois comme étant « le cycliste du tour de monde ». Je ressens un mélange de surprise et de fierté ! On parle ensuite tellement longtemps sur le rebord du chemin que ça ne vaut même plus la peine que je continue ma route. On va donc souper ensemble pour poursuivre la discussion.
Originaires de Granby, Isabelle et Guillaume, accompagnés de leurs charmants et adorables enfants Éloïse et Antoine, voyagent pour deux mois en Asie du Sud-Est. Profitant de leur opportunité de travailler quatre années à moindre salaire et de prendre la cinquième année en sabbatique, ils ont déjà fait une bonne partie de la côte ouest américaine en vélo l'été dernier avant de partir à la découverte de l'autre côté du Pacifique maintenant.
Tous les quatre ont réellement l'air heureux. Les enfants s'adaptent sans problème et constatent leur chance d'avoir une vie comme la leur. Ils apprennent aussi à sortir de l'ordinaire, et à les voir si allumés, je ne peux que penser à l'adage que les voyages forment la jeunesse. Les L'Heureux-Boucher sont la preuve qu'il est possible, et agréable, de sortir des sentiers battus en famille.
La famille des L'Heureux-Boucher : Isabelle et Guillaume, avec leurs enfants Antoine et Éloïse.
Le Vietnam
C'est malheureusement déjà la fin du Laos pour moi. J'ai adoré le pays, mais la route doit se poursuivre. Ma prochaine frontière et au sommet d'un col, et de l'autre côté, le Vietnam.
Au revoir, Laos.