Jonathan B. Roy

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Istanbul - 4 jours dans l'Histoire

Me voici dans une des capitales antiques du monde. La ville est vieille et historique, moderne et bourdonnante, riveraine, montagneuse, européenne, asiatique. Istanbul est merveilleuse.

L'intérieur de Hagia Sophia, malheureusement en rénovations lors de ma visite.

Un peu d'histoire est nécessaire pour commencer. Istanbul, appelée ainsi seulement depuis 1930, a été fondée au VIIe s. av. J.-C. sous le nom de Byzance, puis renommée Constantinople à partir de l'an 330. Elle a successivement été capitale de l'empire romain d'orient (les « Byzantins »), puis capitale de l'empire Ottoman jusqu'à la fin de celui-ci suivant la première guerre mondiale.

Elle a été de religion romaine, catholique, islamique, et ceci se représente dans son architecture. L'exemple le plus frappant est sans doute le symbole même d'Istanbul : le musée Hagia Sophia. Construite comme une église en seulement cinq ans, et terminée en l'an 537 (!), celle-ci a été transformée en mosquée lors de la prise de la ville par les Ottomans, près de mille ans plus tard, en 1453. Comme la religion musulmane interdit la représentation d'Allah, des saints ou des prophètes (incluant Jésus), ces images à l'intérieur ont alors été remplacées par de la calligraphie arabe. Des minarets ont aussi été construits à l'extérieur.

Le musée d'Hagia Sophia.

Les minarets des mosquées servent à appeler à la prière plusieurs fois par jour. Littéralement appeler. À des heures précises à chaque jour, un homme se met à chanter des incantations durant quelques minutes. L'objectif d'avoir quatre minarets était de pouvoir chanter dans toutes les directions. Aujourd'hui, les minarets se sont modernisés et sont pourvus de haut-parleurs.

La mosquée bleue, vue d'Hagia Sophia.

La mosquée Hagia Sophia a par la suite été transformée en musée en 1934 par le fondateur de la Turquie moderne, Atatürk. Souhaitant d'une part plaire à l'Europe catholique, et à son pays à 98% musulman, il a alors décidé que l'édifice historique ne serait ni une église ni une mosquée, mais un musée avec des éléments des deux grandes religions ayant contribué à sa construction.

De Hagia Sophia, on peut apercevoir un autre grand symbole d'Istanbul : la mosquée bleue. Cette incroyable construction a été aussi réalisé en un temps record de sept ans, soit entre 1609 et 1616. Il semble que construire une mosquée soit beaucoup plus rapide que construire un hôpital montréalais.

Située à cheval entre l'Europe et l'Asie, et entre deux mers, Istanbul est le mélange le plus cosmopolite qui soit. Dans ses grands bazaars, on y croise autant des jeunes femmes avec des culottes très courtes, que d'autres portant le niqab, où on ne voit que les yeux.

Ce qui m'a étonné était cependant de voir que plusieurs femmes, particulièrement les plus jeunes, avaient les yeux joliment maquillées sous leur niqab. Leurs ongles étaient aussi souvent colorés et manucurés. J'aurais beaucoup aimer les prendre en photo mais ceci n'a malheureusement pas été possible.

Je fais mon touriste

Durant mes quatre journées en ville, j'accumule un total de zéro kilomètre sur mon vélo. Je me plais cependant à jouer au touriste en voulant voir le plus possible. Et comme un vrai touriste, je suis accompagné.

Après le départ de mon frère, je retrouve donc la charmante et érudite Héloïse, une amie française, rencontrée au Canada, résidant présentement à Bucarest en Roumanie, et qui visitait Istanbul. Et comme elle déménage souvent pour son travail, cette information n'est peut-être même déjà plus à jour!

Bref, Héloïse et moi constatons l'hospitalité turque alors que nous visitons le bazaar des épices. Elle est en train d'acheter du thé dans une échoppe lorsque soudainement les lumières se ferment et une dizaine de personnes se mettent à chanter bonne fête à une employée. Nous sommes les seuls clients du magasin mais, une minute après, nous avons du Coke et du gâteau dans les mains et je chante bonne fête en turc. Ou du moins des sons qui ressemblent à des mots turcs!

La nouvelle ville

Istanbul est tellement vieille qu'elle se permet d'appeler nouvelle ville un quartier où l'édifice le plus connu a été construit en 1348. Mais outre la superbe tour de Galata, cette nouvelle partie est aussi bourdonnante de monde que les environs du bazaar... mais d'un nightlife pas mal plus intense que mes nuits en tente!

Je constate aussi que la pêche est pratiquée sur tous les points d'eau, de tous les côtés de la ville, et sur tous les ponts... et ce, à toute heure du jour ou de la nuit. Du moins, à toutes les heures où je suis passé sur le bord de l'eau!

La tour de Galata.

Pêcheurs sur le pont de Galata.

Le bon monde

Lors de ma dernière journée, j'ai aussi la chance de rencontrer Celil, un ami d'université d'Héloïse... alors qu'ils étudiaient en Allemagne. J'ai l'impression que ces Européens voyagent pas mal plus que nous pauvres Nord-Américains.

Cecil travaille pour le gouvernement turc à Ankara, la capitale du pays, et se trouvait pour la fin de semaine à Istanbul. J'ai ainsi rencontré un homme très connaissant et intéressant avec qui on a parlé de la Turquie, de l'Europe, d'histoire, de politique... Bref, mon genre de nightlife!

Héloïse et Celil.

En compagnie de Zafer et de mon frère Sacha.

Istanbul a sans contredit une longue et riche histoire, mais je ne peux passer sous silence qu'elle marque aussi malheureusement l'histoire moderne depuis quelque temps. La dernière année a vu la Turquie subir plusieurs attaques terroristes, dont quelques bombes au cœur même d'Istanbul. En fait, 24 heures seulement après mon départ, une nouvelle bombe explosait au sein de la vieille ville, causant 11 morts et 36 blessés.

Malheureusement, ceci crée une insécurité pour les touristes et pour les habitants même de la Turquie. Ceci a des conséquences pour des gens comme Zapher, propriétaire de restaurant qui m'a gentiment donné son numéro de téléphone au cas où j'aurais besoin d'aide en Turquie. Ceci affecte aussi nos chanteurs de bonne fête et donneurs de gâteau, et les Turcs de façon générale qui se sentent tous un peu responsables et tristes de cette situation.

Je ne veux pas vous dire où aller, ni quand. Istanbul est cependant une des belles villes que j'ai vues dans ma vie, et si jamais vous avez la chance d'y aller un jour, ne passez pas à côté, c'est plein de bon monde.