Bienvenue en Asie du Sud-Est !
Quelques heures après mon arrivée en Birmanie, je suis en sandales sur les rues de terre de Mandalay, au milieu d'une marée de monde, à manger de la sauterelle. Bienvenue en Asie du Sud-Est !
Je suis atterri à Mandalay, la deuxième plus grande ville de Birmanie, située dans le nord du pays à mi-chemin entre l'Inde et la Chine. Aussitôt mes sacs déposés à l'auberge, je pars à l'aventure avec deux comparses partageant mon dortoir.
Il y a tellement d'activités et de gens dans les rues que je pense tout d'abord qu'il s'agit d'un festival. C'est ma première rencontre avec ces fameux marchés de nuit, où chaque soirée est une opportunité pour essayer de la bouffe locale et étrange. Ce que je fais dès mon premier coin de rue lorsqu'une dame me propose de manger de la sauterelle frite. Le goût n'est cependant pas particulièrement mémorable. On ne goûte presque juste que la carapace. Un peu comme manger une crevette presque vide, sans lui avoir enlevé son squelette.
Une sauterelle géante, monsieur?
Myanmar ou Birmanie ?
Mais avant d'aller plus loin, vous avez peut-être remarqué que j'écris maintenant Birmanie et non pas Myanmar. Je vous explique pourquoi, après recherches, j'ai changé d'idée sur l’appellation du pays !
L'histoire de toute la région est assez compliquée, entremêlée entre les différents royaumes, les conquêtes coloniales et les guerres et coups d'état modernes. De 1962 à 2011, le pays a été sous diverses dictatures militaires, et généralement sous domination britannique durant la majorité du siècle précédent.
Myanmar et Birmanie (Burma en anglais) sont deux anciens termes, faisant respectivement référence à l'ensemble des habitants du territoire, et à l'ethnie majoritaire du pays (la Birmanie reconnaissant au total plus de 135 différentes ethnies sur son territoire).
Le terme Birmanie avait été celui retenu par les Britanniques pour désigner la région. Mais en 1989, pour s'affranchir du passé colonial, le gouvernement militaire au pouvoir a choisi de plutôt utiliser le terme Myanmar. La communauté internationale n'a par contre pas suivi cette décision en signe de protestation contre cette dictature.
Cependant, depuis 2011, la Birmanie a maintenant un gouvernement élu démocratiquement, et celui-ci a continué d'utiliser le terme Myanmar. Pour compliquer le tout, Myanmar est donc maintenant utilisé en majorité par les organismes et médias anglophones, alors que la majorité des communications en français continuent encore d'utiliser le terme Birmanie.
À noter que même l’Union Européenne ne semble pas trop savoir quoi en penser, désignant le pays dans tous ses documents officiels en anglais sous le terme de « Burma/Myanmar ».
Bref, un ou l'autre fonctionne. J'utiliserai cependant Birmanie à présent, ne serait-ce que parce qu'il n'existe pas d'adjectif ou de gentilé allant avec Myanmar.
Fin de journée vue de Mandalay Hill, colline au centre de la ville qui donna son nom à celle-ci.
Le palais
Ceci étant, tous ces questionnements sur l’appellation du pays ne m'empêchent certainement pas de le visiter. Je me frais donc un chemin à vélo à travers les milliers de scooters et de petites motos. L'absence de feux de circulation semble à première vue créer un immense chaos, mais on réalise vite que personne ne roule réellement très vite et que les conducteurs n'ont d'autre choix que d'être prudents et attentifs pour compenser le manque de signalisation.
Et puis, les omniprésents et bruyants klaxons compensent amplement pour la signalisation manquante!
Dans cette cacophonie, je me dirige vers un des seuls endroits calmes de la ville : le palais.
Le fort protégeant le palais est immense : un carré de 2 km de côté, lui-même entouré de douves de 75 m de large. Ce fort a été le refuge des deux derniers rois birmans, avant la conquête britannique en 1885.
Malheureusement, ce qu'on voit aujourd'hui n'est qu'une réplique du palais d'antan. Les mêmes Britanniques ayant bombardé le fort durant la Seconde Guerre mondiale, alors que ce dernier était aux mains des Japonais. Le palais de bois n'a pas fait long feu...
L'enceinte du palais à Mandalay.
Le cœur du palais.
Fin de journée au palais.
Malade
À notre auberge, une fille qui est arrivée par le même vol que moi est déjà malade à sa troisième journée au pays. Assez pour passer ses journées entre son lit et sa cabine de toilette préférée... Parlant à un autre Canadien, j'émets peut-être un peu trop de confiance quant à mes capacités physiques.
Pffff ! Moi là, les bactéries ont peur de moi, mon gars. Je ne filtrais même pas mon eau en Asie centrale et je n'ai (presque) pas été malade !
Je dois prendre le bateau le lendemain pour descendre la rivière vers la ville de Bagan et ses temples. Au lever à l'aube, je me sens cependant un peu bizarre. En dépit des nausées, je réussis l'exploit de me rendre au bateau, littéralement deux minutes avant son départ.
Les bactéries doivent être plus courageuses ici car je passerai cette journée de navigation à 80% endormi, 10% accoté sur la rambarde, et 10% à répondre au gentil serveur du navire que, non, je ne veux pas de café !
J'arrive à Bagan en fin de journée, assez faible, mais quand même assez alerte pour réaliser que j'ai une crevaison et que je dois la réparer sur la plage, entouré d'une quinzaine de curieux qui m'examinent et me conseillent...
Bienvenue en Asie du Sud-Est !