Mon nouvel animal préféré

Après Vang Vieng, je traverse des villages de montagne extrêmement pauvres, jusqu'à atteindre le havre de Luang Prabang, d'où je tomberai sous le charme d'immenses boules d'amour.

Les paysages sont magnifiques, mais ce que je retiendrai le plus de cette région du Laos est l'immense pauvreté des habitants. Les maisons n'ont souvent pas de plancher, les gens habitant sur la terre battue, et leurs murs tressés en écorce de bambou laissant filtrer le jour et les éléments. Beaucoup d'autres habitations sont posées à même le flanc de la falaise, retenues par des pieux plantés dans l'escarpement.

Au fil des mini villages que je traverse, j'aperçois plus de pénis et de seins que jamais.

Je m'explique !

Personne n'a d'eau courante. Les gens utilisent des fontaines publiques au centre du village, ou utilisent l'eau qui arrivent directement de la montagne. Conséquemment, la douche se fait au milieu du village. Et je constate que plus la femme vieillit, moins elle se cache. J'émets une hypothèse.

Après 65 ans à se laver devant tout le village, tu figures que tout le monde a déjà vu tes seins.

De toute façon, c'est soit ça ou se laver habillé.

Quant à ma vision de l'anatomie masculine, c'est surtout dû au fait que les très jeunes enfants se promènent généralement avec un chandail, mais sans pantalons ou sous-vêtements. Ça permet d'économiser sur la lessive et la consommation de couches !

Une petite fille qui n'a que du carton comme jouet.

Une petite fille qui n'a que du carton comme jouet.

Une source, lieu pour la douche, la lessive et se brosser les dents.

Une source, lieu pour la douche, la lessive et se brosser les dents.

Une autre belle vue de camping.

Une autre belle vue de camping.

Le Laos à vélo

Si vous êtes amateur de vélo, je vous conseille fortement le Laos comme destination cyclable. Malgré la grande pauvreté, même les routes secondaires sont bien asphaltées, en plus d'être peu passantes. Et les gens sont accueillants et souriants. Beaucoup d'enfants courent pour se mettre en ligne et me donner des high five. Peu de choses me donnent autant de plaisir que de high fiver une vingtaine d'enfants les uns après les autres !

Surtout quand je vois les plus jeunes, petits bouts de chou de cinq ans, qui regardent leur mère ne croyant pas leur chance d'avoir tapé dans la main à un cycliste passant dans leur village. Peut-être suis-je dans un bon esprit mais je vois de l'amour partout. Un bonhomme d'environ 6 ans place son petit frère d'environ deux ans son cadet sur le bord de la rue et lui tient la main pour lui montrer comment faire un high five.

Je donne des biscuits à une petite fille, des bananes à un groupe de garçons, des collants du Canada un peu partout. J'aimerais pouvoir tous les aider.

Un groupe de fillettes sur le bord de la montagne. Elles se sont mises à courir vers moi en me voyant au loin.

Un groupe de fillettes sur le bord de la montagne. Elles se sont mises à courir vers moi en me voyant au loin.

Simplement de la joie de voir un étranger.

Simplement de la joie de voir un étranger.

Le travail manuel

Au passage des villages, on ne peut aussi que constater l'ampleur du travail manuel qui est effectué par tous au quotidien. Partout, les cochons, poulets et canards se promènent où ils veulent et sont nourris par leurs propriétaires. Les toits en chaume sont constamment refaits à l'aide de grandes herbes qui poussent partout. L'extrémité poilue sert quant à elle à fabriquer des balais. Des gens tressent du bambou et d'autres types d'écorces pour fabriquer des bâtiments, des cages, des paniers.

Croyez-le ou non, ceci est une maison laotienne.

Croyez-le ou non, ceci est une maison laotienne.

Je n'entends que rarement des enfants pleurer. Comme s'ils vieillissaient plus rapidement que les nôtres. La majorité commencent à travailler dès qu'ils peuvent marcher. Ils vont chercher de l'eau, taillent des branches, s'occupent des animaux. Ça ne laisse malheureusement pas beaucoup de place à l'enfance.

Les maisons sont le plus souvent faites d'écorce de bambou.

Les maisons sont le plus souvent faites d'écorce de bambou.

Tout le travail est manuel. Un homme ici tresse un panier qui s'installera sur le dos pour transporter notamment du bois.

Tout le travail est manuel. Un homme ici tresse un panier qui s'installera sur le dos pour transporter notamment du bois.

Luang Prabang

Le marché de nuit de Luang Prabang. Encore plus occupé que durant la journée.

Le marché de nuit de Luang Prabang. Encore plus occupé que durant la journée.

J'arrive finalement à la ville très touristique de Luang Prabang. Petite ville d'environ 50 000 habitants, les visiteurs n'accourent pas ici par hasard. Nichée entre les montagnes, sur les bords de la rivière Mekong, la ville est tranquille et agréable, et offre une panoplie d'activité. J'en profite pour en faire une qui me tente depuis longtemps : visiter un refuge d'éléphants.

Sur la rue du marché à Luang Prabang, on retrouve plusieurs compagnies offrant cette expédition. Cependant, contrairement à la majorité du temps, cette fois je n'ai pas fait mon choix en fonction du prix, mais plutôt de la qualité de traitement envers les éléphants. Tous ou presque se vantent d'avoir des pachydermes heureux, mais la réalité est différente. Je n'ai pas la prétention de connaître toute la vérité à ce sujet, mais j'ai préféré choisir un endroit où l'on marchait à côté des animaux plutôt sur que eux. Même si on dit que s'installer sur leur cou leur est moins douloureux que sur une selle posée sur leur dos, j'aimais mieux l'idée de garder la randonnée à l'état le plus naturel.

Noi Noi, ou « Petite Petite » en laotien, guide d'éléphants.

Noi Noi, ou « Petite Petite » en laotien, guide d'éléphants.

Dans tous les cas, la vie de côtoyer des touristes est beaucoup plus clémente aux éléphants que leur ancien travail. Plusieurs ont été récupérés dans des camps de bûcherons où ils servaient à tirer des arbres à travers la forêt. Lorsque ceci est devenu illégal, plusieurs éléphants se sont retrouvés au chômage, sans endroit où aller faute d'assez de réserve naturelle assez grande pour les acceuillir. On a donc vu de plus en plus de refuges apparaître pour s'occuper de ces éléphants retraités.

Et je les trouve tellement beaux et adorables. On dirait de gros animaux domestiques. Ce qu'ils sont d'une certaine façon, ayant été habitués aux humains de par leur travail précédent.

Au refuge, on peut les nourrir avec des fruits et des cannes à sucre, et malgré leur immense taille, leur trompe est aussi agile que des doigts. Ils viennent cueillir la banane de nos mains tout en douceur avant de l'engouffrer d'un coup. Une après l'autre après l'autre !

Et tout comme le Laos avait déjà gagné une place dans mes pays préférés, l'éléphant, par sa force tranquille, sa gentillesse et sa douceur, vient de s'élever au rang numéro 1 de mon palmarès d'animaux !

Boeuf thaï d'élevage caché dans la forêt.

Boeuf thaï d'élevage caché dans la forêt.

Mon ami se reposant la trompe.

Mon ami se reposant la trompe.

éléphant en forêt
Je nourris mon chum avec des cannes à sucre.

Je nourris mon chum avec des cannes à sucre.

Jonathan B. Roy

Auteur, journaliste, vidéaste et conférencier, Jonathan B. Roy raconte des histoires depuis 2016.

http://jonathanbroy.com
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