Le tour du monde solo à vélo - version féminine
« Est-ce possible de faire un voyage cycliste en tant que femme seule ? » Faith Addison le fait présentement, et m'aide à répondre à cette populaire question.
Faith Addison, de Gloucester en Angleterre.
Cette question est en fait celle qui m'est le plus souvent posée, et de loin. Et bien que je sois personnellement persuadé que oui, il est possible de voyager seule, je souhaitais pouvoir vous répondre de façon plus complète avec l'expérience et le point de vue d'une femme.
Cette femme, je l'ai trouvée par hasard en octobre dernier, à la sortie d'une boutique de vélos de Bichkek au Kirghizistan.
Faith a gracieusement accepté de répondre à mes questions, dont je vous présente ici une traduction.
1- Faith, peux-tu tout d'abord nous dire qui tu es et nous décrire ton voyage ?
Bonjour ! Je m'appelle Faith et je viens d'Angleterre. Depuis les deux dernières années, j'ai pédalé plus de 30 000 km, de la Nouvelle-Zélande au Kirghizistan, en passant par le désert d'Australie, les pluies torrentielles de l'Asie du Sud-Est et les routes enneigées de l'Himalaya en Chine.
Je rêvais de ce voyage depuis plusieurs années et je dois souvent me pincer pour me rappeler que je vis ce rêve quotidien. Le monde est fascinant et incroyable, et à mon avis, la meilleure façon de découvrir ses cultures et de vivre ses paysages est de le parcourir à vélo.
2- Allons directement à la question principale : est-ce possible pour une femme de voyager seule à vélo ?
Après une nuit dans un tunnel sous la route, en Chine. (photo fournie)
En un mot : OUI ! Plusieurs le font et, personnellement, j'adore mon expérience. Je réalise aussi que les gens protègent et s'occupent encore plus des femmes cyclistes que des hommes. Je me fais constamment inviter à dormir chez des étrangers. Ces invitations sont une des plus belles choses de mon voyage, et me donnent une réelle appréciation des différentes cultures, coutumes et rituels qu'il n'est possible de découvrir qu'en sortant des hôtels et des sentiers communs.
3- Crois-tu que ce soit différent de voyager en tant que femme plutôt qu'en tant qu'homme ?
J'ai eu la chance de discuter avec plusieurs autres cyclistes femmes, ainsi qu'avec des hommes et des couples. J'ai pu constater que ce sont les femmes seules qui reçoivent les meilleurs accueils. Dans beaucoup de cultures, il est très inhabituel ou impossible pour les femmes de se promener seules, encore moins de partir à l'aventure sur un vélo. Je crois que c'est pour cette raison que nous sommes encore plus protégées et invitées. On nous croit aussi beaucoup plus vulnérables et jamais on ne nous voit comme une menace. D'une certaine façon, c'est donc peut-être même plus facile de voyager en tant que femme.
4- As-tu besoin de changer la façon dont tu t'habilles ou ta façon d'être dans certains pays ?
Montrant les dommages à sa roue après un accident de la route. Homme ou femme, il faut faire attention aux autos !(photo fournie)
Parfois.
J'essaie d'imiter grossièrement les habillements locaux. Dans les pays où les femmes sont complètement couvertes, je mettrai donc des leggings et des manches longues. Autrement, je suis en shorts de vélo et en manches courtes.
Un conseil que je peux cependant offrir est de remarquer comment les gens vous regardent et au besoin, de se couvrir un peu plus que moins afin d'éviter l'attention indésirée.
5- As-tu déjà été attaquée ou eu peur de l'être ?
Partout dans le monde, 99.999% des gens sont amicaux, généreux, aidants et curieux. C'est le 0.0001% restant qui peut poser problème, autant pour les femmes que pour les hommes.
Deux mauvais incidents me sont arrivés en deux ans sur la route. Un en Malaisie, et un récemment en Turquie. Dans les deux cas, on a tenté de me toucher sans mon consentement. Heureusement, les deux fois j'ai réussi à partir assez rapidement. Bien que j'aie été secouée, j'ai été chanceuse que rien de grave ne me soit arrivé.
Ces deux mauvaises expériences étaient évidemment de trop, mais elles n'ont pas modifié ma vision du monde.
Ma plus grande leçon dans ce voyage est que l'immense majorité des gens sont généreux et droits. Je suis constamment surprise de la tendresse des gens à mon égard, alors que je me retrouve fréquemment à jouer le rôle de fille ou de meilleure amie. La barrière de la langue n'a jamais non plus été un problème. Un sourire et un bon jugement sont les seules nécessités.
6- Quels pays ont été pour toi les plus faciles ou les plus difficiles ?
Les pays où la langue est la même sont évidemment plus faciles. Dans mon cas, la Nouvelle-Zélande et l'Australie étaient assez simples. La Chine au contraire a probablement été le pays le plus complexe au niveau de la communication. Même les gestes les plus simples ne sont pas compris ! Mais ça n'a jamais été un problème pour moi, au contraire j'ai plutôt trouvé ça drôle !
7- Comment dirais-tu que ce voyage t'a changée ?
Faith, à son 25 000e kilomètre. (photo fournie)
Je ne cesse d'être étonnée de la gentillesse des étrangers envers moi. Les médias et les nouvelles peignent constamment une terrifiante image du monde. On le voit comme un endroit où la peur règne, où il est dangereux de quitter la route toute tracée.
Et pourtant, ça ne saurait être plus éloigné de la réalité. Partout, les gens recherchent le bonheur et rien n'est plus beau que de voir les gens sourire. Je m'aventure de plus en plus dans les endroits encore plus inaccessibles, et de voir des gens complètement heureux de me rencontrer m'apporte aussi du bonheur.
8- Recommanderais-tu ce type de voyage à d'autres femmes ?
La partie la plus difficile d'un long voyage à vélo est la décision de partir. Heureusement, une fois la route prise, je vous garantie que vous ne regarderez pas en arrière.
Je vous encourage à être généreuses envers les étrangers, et à accepter leur générosité en retour. Faites confiance à votre instinct. Roulez vers le coucher de soleil, souriez, et appréciez le voyage.
Il y a tellement de magnifiques endroits à visiter et d'aventures à vivre dans ce monde. Et surtout, il y a tant de fantastiques personnes à rencontrer tout au long de la route.
Le monde est merveilleux. Partez à sa découverte et vous ne le regretterez pas.
Vous pouvez suivre les aventures de Faith sur Facebook, sur sa page The Adventure Cyclist.
Et pour encore plus d'inspiration, je vous invite à lire cet article de l'excellent site Travelling Two, ou de suivre Fredrika, la jeune Suédoise qui fait présentement seule un tour du monde cycliste d'une durée de 4 ans.
C’est une chose de partir à l’aventure seul ou en couple, c’en est une tout autre que de s’embarquer en cyclotourisme accompagné d’enfants. J’ai parlé à quatre familles qui démontrent pourtant qu’avec un peu de préparation et d’adaptation, le vélo demeure la plus belle des façons de voyager et de grandir. Voici la quatrième.